l'île de la Tortue
En face de Cuba, au nord de Saint-Domingue, l'île de la Tortue - comptoir d'une Compagnie des Indes fondée par Colbert - sert de refuge et de base à toutes les attaques. C'est également dans les eaux havanaises, au début du XVIIIe siècle, qu'apparaît pour la première fois le Jolly Roger: le drapeau noir à tête de mort. Sur le littoral cubain, une ligne de forteresses - magnifiques - en témoignent encore aujourd'hui. L'île des Pins - actuelle île de la Jeunesse - restera à jamais l' l' île au trésor de Stevenson.
1538
Dès 1538, deux corsaires soulagent de 600 ducats les Havanais. Ulcéré, le gouverneur Hernando de Soto rafle tous les esclaves des colons et érige le Castillo de la Real Fuerza. Guère impressionné, le Français Jacques de Sores fait griller la ville et son château en 1555; il y revient l'année suivante, et d'autres après lui. Trop, c'est trop: le 21 juillet 1558, le roi Philippe II d'Espagne ordonne la reconstruction du Castillo avec, cette fois, des murailles imprenables. En attendant, c'est simple: dès qu'un boucanier s'approche du port, on balance les ducats dans la rade.
Le Castillo de la Real Fuerza - tel qu'il est de nos jours - sera achevé en 1582. Juste à temps. Le 29 mai 1586, Francis Drake envoie ses boulets sur La Havane. Le 4 juin, il renonce à prendre la ville et file passer ses nerfs, ailleurs, sur la côte sud.
El Morro et la Punta
Après la Real Fuerza, voici El Morro et la Punta. Ces fortins et leurs bouches à feu - la batterie des Douze Apôtres - éloigneront la crème des pirates: l'Olonnais et Henry Morgan au XVIIe siècle; John Rackam, Ann Bonny et Mary Read au XVIIIe siècle. Ce joli monde se contente d'attaquer les navires en mer et des petites villas cubaines.
Flibustiers de la Jamaïque
Le Castillo de Santiago
En 1662, les flibustiers de la Jamaïque iront jusqu'à occuper le Castillo de Santiago - le plus beau de tous - pendant sa construction! Mais tous évitent La Havane. Qui oserait ? Les frères Keppel. George, William et Augustus.
1762
Le 4 janvier 1762, le roi George d'Angleterre a déclaré la guerre au roi Carlos d'Espagne. Secondé par William, sir George Keppel commande une troupe de 11 000 hommes, et Augustus sert de commodore à l'amiral Pocock. Le 6 juin, ils sont en vue de La Havane et Augustus y va d'un drôle de cri: " Courage ! Cet endroit est pavé d'or ! ".
El Morro
7 juin : la bataille commence. 13 août: c'est fini pour les Espagnols. Les Anglais ont dynamité El Morro, et son défenseur héroïque, Luis Vicente de Velasco Isla, y a trouvé la mort. Depuis, l'Espagne n'a cessé d'honorer sa mémoire, et aujourd'hui encore sa flotte compte un navire baptisé Velasco. Paradoxe de la défaite : l'île de Cuba va décoller. Par le traité de Paris, elle retourne aux Espagnols en échange de la Jamaïque. Entre-temps, le libéralisme anglais aura balayé les restrictions commerciales. Les ports? Ouverts à qui veut. Les esclaves? On passe à un niveau supérieur. L'excellent sir Keppel donne le départ: sur place, il revend les 1 200 Africains achetés pour son expédition militaire. Acte symbolique. Il brise ainsi le monopole négrier des autorités espagnoles. Anglais et Havanais prennent alors le négoce en main.
Cuba et son contingent d'esclaves issu des colonies
En 1774, on en compte 40 000. En 1840, on est à 470 000. La moitié de la population cubaine. Avec le boom sucrier, plantations et raffineries exigent des serfs. Au sucre s'est ajouté le café, implanté dans l'arrière-pays de Santiago. Par qui? Par les Français qui ont fui Saint-Domingue - avec bagages et esclaves - en 1791. Au XIXe siècle, le marché du tabac réclame, à son tour, ses esclaves. Décrétée en 1817, et en chœur, par la Grande-Bretagne et l'Espagne, l'abolition de l'esclavage restera une fumisterie sur l'île cubaine. Sous l'œil assoupi de l'Eglise, du douanier au gouverneur, chacun est acheté pour baisser les yeux sur les livraisons de chair humaine.
A la fin du XIXe siècle, et pas avant, les négriers se calmeront à cause de la crise dans le sucre. et qu'une révolution arrive...
Christophe Colomb, le Voyageur de l'infini
Dans ce roman, Patrick Girard nous raconte un Christophe Colomb bien différent de celui de la légende. Nourri de l’imaginaire médiéval et de l’idéal de la chevalerie, Colomb n’avait qu’une ambition : découvrir l’île mythique de Cypango, dont les richesses lui permettraient de financer la reconquête de Jérusalem et du Saint-Sépulcre. De Chio à l’île de Porto Santo, de la Judaria de Lisbonne à sa modeste demeure de Séville, de la mystérieuse Thulé aux côtes de la Guinée, il n’eut de cesse d’obtenir des soutiens à son entreprise. C’est cette lutte acharnée contre l’adversité que nous fait revivre cet ouvrage en nous plongeant au coeur des spéculations qui agitaient alors les cercles savants et les puissants de la péninsule ibérique.