Le film Candelaria

de Jhonny Hendrix Hinestroza

CubalatinaCubalatina
Le film Candelaria

Le film Candelaria - Réalisateur : Jhonny Hendrix Hinestroza

La Havane, 1995. Au plus fort de l’embargo américain, les Cubains traversent une crise économique sans précédent. Parmi eux, Candelaria et Victor Hugo, 150 ans à eux deux, vivent de bric et de broc jusqu’au jour où Candelaria rentre à la maison avec une petite trouvaille qui pourrait bien raviver la passion de leur jeunesse.

Candelaria, La période spéciale de Cuba

Le réalisateur Jhonny Hendrix Hinestroza

Le film CandelariaCandelaria ! Cette femme aux yeux sombres et à la peau brulée m’a raconté son histoire avec sa voix roque et son ton mélodieux, une histoire très personnelle sur la période spéciale de Cuba après la chute de l’Union soviétique.

Le projet de Candelaria

Le film CandelariaCandelaria est né au moment où j’ai commencé à tourner mon second film Saudó, et c’est un peu une synthèse de mon histoire personnelle, à l’instar de ces démons qu’on cherche à exorciser d’une façon ou d’une autre à un moment particulier de sa vie.


Réalisateur et producteur, Jhonny Hendrix Hinestroza

meilleur film de la section Venice Days

Jhonny Hendrix HinestrozaIl est né en 1975 à Quidbo en Colombie. Il est l’organisateur du Festival de cinéma de Cali, le « Cien Milimetros » et produit les films de jeunes réalisateurs colombiens avec sa société de production Antorcha Films. Il a aussi produit « Dr. Aleman », réalisé par l’Allemand Tom Schreiber et participé à d’autres productions latino-américaines. Après avoir réalisé le court métrage « Cuando llegan los muchachos », son premier long métrage « Choco » est présenté en 2012 au Festival de Berlin. « Candelaria » a été présenté en septembre 2017 à la Mostra de Venise où il a reçu le prix du meilleur film de la section Venice Days..


Pourquoi avez-vous décidé que la chronique aurait lieu à Cuba ?

Période spéciale de Cuba

Jhonny Hendrix HinestrozaJ’ai été invité au festival de La Havane et j’y ai rencontré quelqu’un qui m’a parlé de la « période spéciale» de Cuba, cette époque dont tous les habitants de l’île se souviennent très bien mais dont personne ne veut parler : les années de crise économique qui ont suivi l’éclatement de l’URSS et l’embargo américain.Ce récit m’a rappelé mon enfance sur la côte pacifique colombienne. J’ai donc décidé de réunir mon expérience personnelle et le récit cubain dans une histoire commune.


Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cet épisode en particulier de l’histoire de Cuba ?

Le mur de Berlin est tombé, l’URSS – le premier soutien de Cuba – a éclaté

CandelariaParce que c’est un moment clé ! A la fin des années 1980 et au début des années 1990, le monde a vécu une mutation étrange : le mur de Berlin est tombé, l’URSS – le premier soutien de Cuba – a éclaté. Cuba a continué de vivre comme avant, sans s’adapter aux changements qui lui étaient imposés. Ils se sont ouverts très rapidement au tourisme pourvoir si le pays pourrait en vivre, et cela a eu comme effet pervers de générer une espèce de tourisme sexuel dans lequel les jeunes se prostituaient pour quelques dollars… L’économie s’est développée autour de ce commerce et les vieux n’ont eu d’autres choix que de compter sur les rentrées d’argent de leurs enfants. Cette pauvreté bien spécifique ne me semble pas éloignée de celle que vivent nos séniors en Colombie.


Un tournage difficile

Jesús Terry, le rôle de Victor Hugo

Le tournage a été très difficile : il m’a vraiment transformé. D’abord parce que je sortais fatigué du projet de Saudó, et ensuite parce que j’étais à la recherche de nouvelles histoires et de nouveaux horizons dans ma vie. Le tournage m’a passionné, même s’il a eu son lot de déconvenues. On m’a conseillé deux acteurs cubains professionnels avec lesquels j’ai fait des essais jusqu’en août avant de démarrer le tournage ; mais en octobre, Jesús Terry, qui jouait le rôle de Victor Hugo, a eu de graves malaises. Il a été hospitalisé en urgence et unesemaine plus tard, il est décédé…


l’île entière a changé brutalement

Fidel Castro décéde pendant le tournage…

Cela a été très complexe parce que l’île entière a changé brutalement. Nous avons dû changer l’organisation du tournage et cela a affecté tout le travail que nous avions mis en place avec la production. Mais malgré tout, ce tournage a été l’une de mes expériencesles plus belles et les plus enrichissantes. Cuba est finalement devenu un personnage à part entière dans le film, davantage sonore que visuel d’ailleurs.. »


Les histoires que nous racontons n’ont pas de nationalités

En Amérique latine, on cantonne toujours les réalisateurs à leur pays d’origine

Candelaria le filmComme s’ils ne devaient tourner qu’à l’intérieur de leurs frontières. Mais non ! Nous faisons partie d’une même grande famille : les histoires que nous racontons n’ont pas de nationalités, du moinsles sentiments dont nous traitons. Il faudrait aborder les films comme des objets universels. Si l’on pensait de la même façon dans le reste du monde, alors Iñárritu n’aurait jamais pu faire de cinéma aux Etats-Unis ni en Espagne. Je sais qu’on va me rétorquer que ce n’est pas un film colombien parce qu’il a été tourné à Cuba, mais pour moi c’est une histoire très colombienne, et très cubaine ! Chaque personne de l’équipe a permis à ce projet de devenir réalité.

Les futurs projets<

candelaria - adlen knightNous travaillons sur plusieurs projets. D’un côté, j’écris un projet qui se passera dans la région du Darién (la grande forêt qui est à la frontière de la Colombie et du Panama) et qui suivra deux enfants indigènes. Je travaille également sur un autre projet depuis deux ans qui est complètement d’actualité : l’histoire d’un écrivain qui va éditer un livre sur les camps de concentration sans savoir que son propre fils s’est fait embrigader dans un groupe néonazi.