Les reines de La Havane

Les vieilles américaines Chevrolet, Cadillac, Ford...

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Les reines de la Havane

Elles sont les reines de la Havane.

Datées des années 40, 50, 60, de l’époque où Cuba était encore le pré carré des Etats-Unis. Les propriétaires de ces véhicules qui font se pâmer plus d’un collectionneur étranger , elles ne se laissent pas rouiller. Bien au contraire: ils sacrifient leurs maigres économies pour que les carrosseries demeurent pimpantes et les moteurs en état.

Première période : avant 1961

Cuba avant la révolution Depuis l'invasion de Cuba par les Etats-Unis en 1902, l'île est "colonisée" (même si les USA ne se considère pas comme une puissance coloniale). Le régime est un régime fantoche et l'île est surnommée "le bordel des USA" tandis que les cubains sont réduits à l'état de misère. De nombreuses grandes fortunes nord américaines ont leur résidence secondaire à Cuba: les magnats industriels bien sur ( Dupont de Nemour) mais également quasiment tous les patrons de la pègre et du crime organisé. L'argent coule à flot et lors de la révolution castriste (le 1er janvier 1959) les rues sont pleines de très belles voitures, généralement récentes et souvent haut de gamme.

Seconde période : de 1961 à 1989

Revolucion CubanaAprès la révolution de 1959, les américains fuient ce qui devient pour eux un enfer. Ils laissent sur place tous leurs biens qui ont été nationalisés. En 1961, les Etats-Unis imposent l'embargo. Il devient très vite impossible d'importer de nouvelles voitures des USA mais également (sous peine de représailles américaines) d'Europe. Exsangue, Cuba est contraint de se trouver un allié. Ce sera l'Union Soviétique! Dès lors, le sucre cubain (qui représente 85% de l'économie de l'île) va s'échanger contre du pétrole russe et des voitures: Volga, Moskvitch, Lada... Ces voitures soviétiques sont encore très nombreuses sur les routes cubaines. Mais les cubains préfèrent généralement les grosses américaines... et les font durer.


Troisième période: de 1989 à la fin des années 90

Véhicule russe Lada à CubaEn 1989 le bloc soviétique s'écroule sans que personne ne s'y attende (à commencer par Castro). A cette époque le sucre cubain est largement surévalué dans les échanges avec l'URSS. De plus le marché mondial connaît une surproduction massive. De sorte que 85% de l'économie cubaine est pratiquement réduite à néant. Il est quasiment impossible d'acheter quoi que ce soit. Toute voiture (ou plus généralement tout objet) doit durer jusqu'au bout... d'ou ce savoir faire dans le bricolage...


Quatrième période : fin des années 90 jusqu'à nos jours

Comme Cuba veut vivre, que sont économie est dévastée et que l'embargo est toujours là, Cuba se tourne vers le tourisme pour espérer continuer à exister... et ça marche ! Aujourd'hui, Cuba n'est toujours pas sortie d'affaire mais l'économie repart doucement...En matière d'automobiles, le parc se diversifie avec des voitures modernes. Il y a beaucoup de Peugeot-Citroën (Saxo, 206, 306, 307, 406). Mais ces voitures modernes sont exclusivement en plaques bleues !


Que veulent dire les couleurs de plaques ?

Couleurs de plaques à CubaLes plaques bleues: elle désignent des voitures appartenant à l'état. Comme toutes les entreprises sont nationalisées, cela recouvre les voitures de service des entreprises, les administrations, les sociétés de taxis... On y trouve beaucoup de voitures récentes ainsi que pas mal de voitures datant de l'ère soviétique. Les plaques jaunes désignent les voitures appartenant à des particuliers. Et là, interdiction pour les cubains d'acheter des voitures neuves ! On y trouve donc des voitures américaines (pour la plupart) d'avant 1961 ou soviétiques. Il y a également d'autres couleurs de plaques moins fréquentes: les vertes pour les militaires, les rouges pour les voitures de location, les oranges pour les diplomates... N'espérez pas acheter une belle américaine là-bas. Castro a bien compris l'intérêt touristique de ces voitures: elles sont déclarées patrimoine culturel et ne peuvent sortir de l'île... Bref, l'essentiel du parc se partage entre les plaques bleues (généralement sans grand intérêt) et les plaques jaunes (nettement mieux!).


Sur la route de Trinidad

Nostalgie et paradoxes

Buick rose bonbon, CubaSur la route de Trinidad, les époques et les genres - Buick rose bonbon, autocars chinois Yutong, cavaliers au petit galop - se superposent dans une campagne couleur vert tendre. Plus que les autres, la vieille ville, isolée dans les terres, garde intacte l'accumulation de nostalgie et de paradoxes. A Trinidad, la réalité du jour se barde juste de coloris un peu plus criants: le vendeur de pâtisseries affiche en façade un tonitruant vert caraïbe, jaune ocre pour le pizzaiolo, bleu turquoise pour la tresseuse de chapeaux. Rencontre avec le musicien Pedrito Gonzales, père de la trova cubana, genre rétro des années 1920, exaltant l'âme cubaine dans la grande tradition de Sindo Garay et Pepe Sanchez. Ce jour-là, l'homme est joyeux: son fils musicien embarqué dans la tornade du reggaeton, phénomène commercial mi-reggae, mi-rap, a annoncé son retour dans les rangs de la trova. Dans son home studio vintage dissimulé derrière une façade anonyme, la légende vivante entonne le chant de la victoire. Le rétro, leçon d'espoir.