José Vaillant Fromenta dit Pepin Vaillant

Le Film Cuba Feliz

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José Vaillant Fromenta dit Pepin Vaillant

Les folles soirées de Casino de la Playa au cabaret Montmartre de La Havane

Vous l'aviez vous vu, hilare, sur l'affiche du film Cuba Feliz ou avez-vous entendu sa trompette gracile et narquoise dans la Dolce Vita de Fellini ?. Natif de Santiago, y partageant les premiers pas d'Ibrahim Ferrer au sein du Conjunto Wilson puis électrisant les folles soirées de Casino de la Playa au cabaret Montmartre de La Havane avec son compère Dámaso Pérez Prado, le roi du Mambo, monté en graines dans les orchestres de Chepin ou de Felix Chapotin, c'est un tout jeune homme, musicien déjà chevronné, qui embarque pour l'Italie à la fin des années quarante dans la troupe d'une revue somptueuse.

l'Expédition européenne

Pepin VaillantSon expédition européenne s'étendra sur près d'une quinzaine d'années. Il musarde entre Cinecitta et le Moulin Rouge à Pigalle. Il se taille une morale de seigneur à la table des night-clubs et des casinos. Du côté de Cadix, assidu des peñas gitanes, il forge le style particulier de ses chorégraphies. C'est que l'exubérant Pepin, l'invétéré fêtard à la gaieté contagieuse, aux amours vagabondes, s'applique tout au long de son périple à parfaire sa science du spectacle. Avec la même constance qu'il consacre à la maîtrise du souffle, il travaille la danse et le chant. Il se veut showman accompli, se rêve en meneur de revue. Entamée à l'Eléphant Blanc, haut lieu des nuits parisiennes, cette carrière sous les feux de la rampe flambe avec El Caballo. Entouré de jazzmen espagnols et d'une jeune garde new-yorkaise il sillonne alors le continent sous ce surnom. Le succès sourit, la nostalgie le visite au Congo ; il veut revoir sa mère et son île, il retournera à Cuba en 63.

Duo avec Tabaquito

Beny MoreReçu, reconnu il embauche comme fantaisiste émérite délégué à la rigolade populaire bientôt promu ambassadeur de charme auprès des pays frères et des partis affiliés. Il entraîne un big band, s'entoure de danseuses qu'il initie au flamenco mais c'est surtout son duo avec Tabaquito, le percussionniste excentrique de Beny More qui marquera les esprits. Il déploie des ballets aux mesures du Tropicana, l'immense music hall en plein air de La Havane et le clown gagne les cœurs.

Le film de Karim Dridi

La joie de revoir Paris

Cuba FelizUn accident, à Bruxelles, qui lui laisse la bouche en charpie, l'éloigne des scènes. On le croit perdu pour la trompette. Il s'accroche, s'acharne, travaille dans son coin un numéro qui va en faire un pilier du cabaret de l'Hôtel Internacional à Varadero, un familier des patios les plus chics de la presqu'île de sable blanc. A l'heure de la retraite il revient à Santiago dans le quartier de son enfance où il réjouit ses voisins de table des mille tours du baladin. Le film de Karim Dridi lui vaut un dernier tour de piste et la joie de revoir Paris.

Luis Henrique Hernandez Giannitelli

Si le fabuleux destin de Pepin Vaillant vous intéresse vous en trouverez une plus ample évocation illustrée par l'affichiste santiaguero Luis Henrique Hernandez Giannitelli.