Sur les contreforts de la Sierra Maestra
Cette poésie du quotidien est née à la fin du siècle dernier, sur les contreforts de la Sierra Maestra. Premières terres de la révolution, où depuis plus de trois siècles les influences hispaniques (avec leurs boléros) et africaines s’affrontent.
A Santiago de Cuba, la mémoire des auteurs-compositeurs forgent l’identité de la trova, n’ont pas été oublié : de Pépé Sanchez à Daniel Castillo, de Villalon à Alménares, jusqu’aux sœurs Ferrín et Zaida, prêtresse de Santeria, qui continuent à chanter le matin, à la Casa de la Trova.
Camagüey, Sancti Spiritu, Guatanamo...
Foyers municipaux où depuis la révolution, se produisent les trovadores. D’essence familiale, la trova a essaimé à Camagüey, Sancti Spiritu, Guatanamo… Jusqu’à la Havane où une série de troubadours émigrèrent, en raison des possibilités de travail que la capitale offrait.
Maria Théresa Vera
Certains sont devenus des stars : Maria Théresa Vera dans les années 30. Los Compadres, avec la voix « seconde » de Compay qui traverse les frontières aujourd’hui. Les troubadours ont fourni des airs magnifiques au son, s’enrichissant eux-mêmes de boléros, de répertoire paysans – guajiras et criollas – s’inspirant souvent des « prègon », harangues cadencées des vendeurs ambulants.
La trova est la vie même
" La trova est " la vie même "; comme le disent les sœurs Faez, née en 1928 et 1930, Candida et Floricelda, interprètant dans cet album : "Flor de venganza "( fleur de vengeance ).
Même si le troubadour est à la retraite, ici à Cuba, la " Trova " elle, ne meurt jamais.
Casa de la Trova, un véritable lieu de vie
La Casa de la Trova devient alors le véritable lieu de vie des musiciens santiagueros. Les trovadores y font connaître leurs compositions, leurs capacités à interpréter celles-ci ou les oeuvres de leurs pairs. Ces rassemblements permettent également la sauvegarde des traditions. Ce qui s’envolait auparavant aux coins des places de la ville se fixe et constitue un patrimoine que chacun préserve.
Tradition de la musique populaire
Sur le modèle proposé par Santiago s’est créée dans la plupart des villes de l’île une Casa de la Trova où, sans faire abstraction de l’évolution musicale, la tradition de la musique populaire cubaine est préservée.
Punto et Trova de Sancti Spiritus
Guajira, trova, guaracha, bolero
Sancti Spiritus, au centre de Cuba, apparaît aujourd'hui comme le lieu où cultures hispanique péninsulaire, canarienne et africaine se sont fondues pour produire des musiques originales fortement ancrées localement : poésie populaire, harmonies et rythmes subtils, timbres lumineux du tres et du luth relèvent ainsi les nombreux genres pratiqués tels que guajira, trova, guaracha, bolero et diverses sortes de punto, dont les savoureuses controversias... Le premier disque est consacré à l'une des musiques les plus anciennes de l'île : le punto espirituano, un répertoire paysan issu, entre autres, du fandango espagnol et interprété par des ensembles appelés parrandas. On pourra également entendre un trio à cordes (luth cubain, tres et guitare) interpréter des versions instrumentales de nombreux thèmes paysans ainsi que certaines variantes urbaines de ceux-ci, telles les guajiras.
Casa de la Trova, l´âme de Cuba
La trova est la chanson des trovadores, poètes des rues et des campagnes qui s'accompagnaient à la guitare. Pepe Sanchez (1856-1918) est le premier dont l'histoire a retenu le nom. Issus de milieux modestes, noirs ou mulatos (métis), les trovadores étaient à la fois compositeurs, interprètes et guitaristes, et leurs chansons parlaient en termes lyriques, volontiers précieux, de la beauté des femmes, ou de leurs trahisons, comme celles de nos trouvères.
Il n'est pas rare de rencontrer chez ces artistes dépourvus de formation musicale des complexités rythmiques et harmoniques à laisser perplexes les musicologues. Les trovadores chantaient souvent en duo, et la façon de placer les voix reste la marque caractéristique de la Trova : la voix principale chante la mélodie, et la voix d'accompagnement harmonise d'une façon très libre, sans craindre les décalages. Ce qui donne à la trova son charme imparfait.
La Trova de Las Faez
Elles ne tarderont pas à enregistrer un disque à elles, sont la renversante révélation de Casa de la Trova. Elle n'arrivent pas à croire à l'histoire qui leur tombe dessus. Un disque et une tournée en Europe, elles qui n'avaient jamais touché un centime pour chanter" Quand un responsable de l'antenne espagnole de la maison de disques leur raconte que les radios ont commencé à programmer Flor de Venganza sitôt l'album reçu, Floricelda Faez le regarde avec un air désolé et soupire: «Mon Dieu, quand ils vont voir ces deux vieux machins"».