Chucho's Steps
The Afro-Cuban Messengers
The Afro-Cuban Messengers
l'Album Border Free
Chucho Valdes présente Border Free ou... sans frontières ! Ce musicien s’est affranchi de toutes barrières musicales, en jouant sur tous les styles : classique, mambo, son, pop, contemporain… Tour à tour, main de velours quand il caresse une ligne mélodique, il peut battre le rappel sur son piano aux rythmes de la santería, accompagné par les tambours batá. Nourri de ses racines afro-cubaines, sa musique entre en transe... Un quintette majeur du latin jazz avec Rodney Barreto (batterie), Angel Gastón Joya Perellada (contrebasse, chœurs), Dreiser Durruthy Bombalé (tambours batá, voix), Reinaldo Melián Alvarez (trompette), Yaroldy Abreu Robles (percussions cubaines, chœurs) et sa sœur Mayra, au chant.
Le pianiste de jazz cubain Chucho Valdés s'était lancé à 69 ans dans l'aventure d'un nouveau groupe, baptisé les Afro-Cuban Messengers en référence aux Jazz Messengers d'Art Blakey, et avec lequel l'ex-leader du groupe Irakere avait publié "Chucho's Steps", son premier disque en formation.
En faisant des recherches au Smithsonian Institute de Washington, j’ai découvert qu’à la fin du XIXe siècle 700 Indiens comanches avaient été déportés à Cuba… Ils étaient installés à l’extrême est de l’île, et on peut penser qu’ils ont mêlé leur musique à celle des descendants d’esclaves africains.» Sur Border-Free, Afro-Comanche est la pièce maîtresse. Une savante construction de douze minutes où convergent chants yoruba et mélopées aborigènes. «Mon idée première était d’enregistrer avec des musiciens de cette communauté, raconte le pianiste, mais des problèmes de logistique se sont posés : je voulais absolument travaillé avec deux frères comanches, flûtistes d’exception.» L’intérêt de Chucho Valdés pour les peuples natifs a beaucoup à voir avec l’identité cubaine : «Ce sont nos racines profondes. Le nom de mon village natal, Quivicán, signifie "terre rouge" dans la langue des Siboney.» Par un curieux hasard, Lawton est à la fois la capitale des Comanches dans l’Oklahoma et un quartier populaire de La Havane, fief de la santeria, la religion afro-cubaine.
Si Wayne Shorter ou Keith Jarrett se sont révélés au sein des Jazz Messengers, le groupe Irakere, porte-drapeau du jazz cubain pendant un quart de siècle, a fait éclore le saxophoniste Paquito D'Rivera ou le trompettiste Arturo Sandoval.
Le jazz afro-cubain a été inventé par Mario Bauza, Dizzy Gillespie et Chano Pozo, souligne Chucho Valdés. Je suis arrivé vingt ans plus tard, j'ai pris des éléments religieux de la santeria qui n'avaient pas encore été utilisés, avec le chékéré, les tambours bata, arara, abaqua..."
En 1998 Chucho est de nouveau à l'honneur aux Grammy, mais cette fois avec une nouvelle formation jazz cubano-américaine, " Crisol ", créée à l'initiative du jeune trompettiste Roy Hargrove. Chucho Valdes impréssionne par son physique imposant, par la taille de ses mains et par la virtuosité de son jeu. En partant des influences d'Art Tatum, Bill Evans ou McCoy Tyner il a repoussé les frontières du jazz en y incorporant des éléments typiquement afro-cubains et caribéens, il demeure l'un des musiciens cubains les plus innovateurs et originaux de son époque.
Chucho’s Steps reprend ses différentes étapes, insufflant une nouvelle énergie à ce jazz afro-cubain, qui s’appuie désormais sur une plus grande rigueur d’écriture. Outre son sextet régulier, le pianiste a fait appel à Dreiser Durruthy Bombalé en voix leader.
Chucho Valdés aborde avec une belle complexité, dans des compositions à rebondissements, les diverses formes du jazz contemporain (hard bop, free jazz, jazz modal), sur un riche tapis de percussions..
Après avoir fréquenté dans des big bands les scènes des grands hôtels en vogue (Riviera, Capri, Nacional...), il fonde en 1967 l'Orquesta Cubana de Musica Moderna", alors que le mot jazz est tabou à Cuba. Puis ce sera l'aventure Irakere, qui demeure la référence absolue de fusion jazz/percussions afro-cubaines d'origine yoruba.
Depuis la fin des années 90 et la mort du groupe, il privilégiait sa carrière de soliste, l'art du duo (avec son père Bebo Valdés, Herbie Hancock, Michel Legrand ou Michel Camilo) et l'accompagnement de chanteurs (Buika, Charles Aznavour...)
"Je ne voulais pas refaire quelque chose que j'avais déjà fait", a confié ce géant du jazz cubain, qui franchit dans "Chucho's Steps" (Harmonia Mundi) une nouvelle étape, en amenant par exemple le danzon ou le mambo sur le terrain du jazz modal.