Populaire à Cuba
Pour Polo Montañez, le bouche-à-oreille suffira peut-être à créer une rumeur favorable. Si l'on prend en exemple ce qui se passe à Miami avec lui : bien qu'interdit de radio (en tant qu'artiste vivant et travaillant à Cuba), il était numéro un des ventes dans tous les magasins. Il était la coqueluche de tous les Cubains depuis plusieurs mois. Les radios le jouent en boucle, et rares sont les chauffeurs de taxi qui n'ont pas sa cassette à portée de main. Démentant ceux qui voient dans le rap et la musique électronique le futur de la musique cubaine, Polo Montanez réunit toutes les générations. Ce succès a presque valeur d'énigme. Sa voix ne bouleverse pas, il n'invente rien, interprète des chansons sentimentales, du son, des boleros, des guajiras, du guaguanco. Sur scène, il n'est pas de ces artistes dont le charisme foudroie, il s'agite un peu pataud plus qu'il ne danse. Mais il sait le secret des paroles simples qui vont droit au cœur, il avait l'art des mélodies fluides, familières dès la première écoute.
Chaleureux, Simple, Direct
C'était l'un des représentants les plus charismatiques de la musique populaire cubaine actuelle. Né le 5 juin 1955, Polo Montañez ( Polo des montagnes ) a grandi en accompagnant son père dans les fêtes de village, les anniversaires, jouant de la tumbadora, des maracas, de la marimbula. Sa première chanson, "écrite pour une amoureuse imaginaire", il l'a composée à 13 ans. En 1999, sa vie va prendre un autre sens, dans un restaurant, situé à Las Terrazas, un site touristique très fréquenté par les Cubains, tout près de l'endroit où il est né, une région de collines boisées à une soixantaine de kilomètres de La Havane. Le producteur français d'origine cap-verdienne, José Da Silva, directeur du label Lusafrica (Cesaria Evora, Orquesta Aragon, Sally Nyolo), y est de passage et l'entend chanter. Séduit par l'homme, chaleureux, simple et direct, autant que par ses chansons, un répertoire composé de sones, boléros, guajiras et guaguancos, il lui fera enregistrer un album à La Havane, Guajiro Natural.
Discographie Polo Montañez : Découvrez l'album : Guitarra Mia
Desde El Cielo Guajiro Natural
Un prototype de l'Antistar
Une copie arrive jusqu'à une radio de Bogota, via MTM, la compagnie distributrice de Lusafrica en Colombie. Les auditeurs colombiens plébiscitent du jour au lendemain le chanteur cubain et se précipitent sur son disque. Le succès se propage aux pays de la région, Equateur, Venezuela, Panama, Mexique, puis finit par ricochets à atteindre Cuba. En quelques mois, Polo Montañez devient la coqueluche de tous les Cubains. Puis il effectue une tournée dans toutes les provinces de l'île, se produisant à chaque fois devant des dizaines de milliers de personnes. Il vient en France pour présenter son deuxième album, Guitarra mia. Dans la salle bondée du New Morning, à Paris, Cesaria Evora est là. Polo Montañez avait beaucoup de choses en commun avec la chanteuse cap-verdienne. Des qualités d'humilité, de générosité, une absence de faux-semblant, une déroutante simplicité qui, à Cuba, ont participé à déclencher l'enthousiasme de tout un peuple. Chanteur et auteur-compositeur de chansons sentimentales, Polo Montañez était le prototype de l'antistar.<:p>
Bohemio Natural
Bohemio Natural» est un long métrage sur la vie du chanteur-compositeur cubain Polo Montañez. C'est l'histoire de cet artiste atypique et talentueux, de sa naissance à sa mort prématurée et tragique dans un accident de la circulation en 2002. Fernando Borrego Linares (1955-2002), de son vrai nom, est né à la campagne et a passé la plupart de sa vie dans la rugosité du travail d'un environnement difficile. Il était le fils d’une famille pauvre de charbonniers avec un don naturel pour la musique. Son enfance a été marquée par une vie pauvre, presque nomade et extrêmement difficile, mais aussi par une aptitude musicale solide, typique de la zone rurale, où elle représente une forme directe de socialisation à travers des fêtes traditionnelles appelées «guateques"...